ISLAM EN CHINE

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ISLAM EN CHINE

ISLAM EN CHINE

Désigné en Chine sous le nom de Qingzhenjiao, «la vraie religion pure», l’isl m a dû commencer à se répandre dans ce pays dès le début des relations sino-arabes à la fin du VIIe siècle, grâce aux commerçants musulmans qui empruntaient soit les pistes caravanières de l’Asie centrale, soit la route maritime de l’Asie du Sud-Est. À l’époque gengiskhanide, la dynastie des Yuan favorisant le personnel non autochtone, un flot d’immigrés venus d’Asie antérieure grossit les vieilles colonies arabo-persanes du Gansu et de la côte méridionale; et l’on fait remonter à un gouverneur originaire de Boukhara, Sayid A face="EU Caron" ギall (ou Seyid Ejell) Šams ud-Din (1211-1279), la puissance de la colonie musulmane du Yunnan.

Désormais présents à travers tout l’Empire (mais surtout dans l’Ouest), les musulmans (appelés Huihui) vont se fondre dans la société chinoise, en adopter la langue et le mode de vie. On les reconnaît en général, cependant, à un nom de famille distinctif mais non général: celui de Ma, abréviation chinoise de Ma ムm d ou de Mu ムammad. Leurs penseurs, tel Li Zhi (1527-1602), dégagent une philosophie syncrétiste islamo-confucéenne, et de nombreux membres de leur élite jouent un rôle politique ou littéraire dans l’histoire chinoise. Après qu’en 1759 l’empereur Qianlong a conquis la Kašgarie (ou Kachgarie), pays musulman d’Asie centrale vassal depuis trois quarts de siècle des Mongols occidentaux ou Jüngar, les musulmans de Chine propre commencent à ressentir fortement l’influence de l’isl m mondial. Un siècle plus tard, à l’époque du soulèvement des Taiping et des Nian, une sanglante révolte, quasi générale, des musulmans dévaste et dépeuple tout l’ouest de la Chine, révolte liée autant à la crise socioéconomique de l’Empire chinois et à une politique discriminatoire des autorités qu’à un malaise commun à l’ensemble de l’Isl m. Le Yunnan se soulève le premier, en 1855 (cette révolte est connue en Occident sous le nom de Panthay), et le royaume indépendant qu’un des chefs musulmans, Tu Wenxiu (mort en 1872), fonde, sous le titre de sultan Suleiman, dans l’ouest de la province, avec Dali pour capitale, n’est détruit qu’en 1872. Les troubles gagnent ensuite le Gansu en 1862, puis le Shaanxi, où ils ne sont matés qu’en 1876, par l’action du gouverneur Zuo Zongtang (1812-1885). Enfin, la partie du Turkestan conquise par la Chine au siècle précédent se soulève à son tour en 1864. Mais le mouvement est vite détourné à son profit par un aventurier venu de Khoqand, Yakub-beg (1820-1877), lequel, jouant autant des dissensions entre rebelles que des rivalités coloniales russo-britanniques, s’impose comme souverain de la Kašgarie à partir de 1866. La reconquête, menée ici encore par le brillant Zuo Zongtang de 1876 à 1877, se conclut en 1884 par l’établissement définitif de la domination chinoise et la transformation de la région en une simple province dénommée Xinjiang.

Au XXe siècle, la confusion de l’ère républicaine permet à des intellectuels formés à Hezhou, le grand centre culturel islamique de Chine (actuel Linxia, à 150 km au sud-ouest de Lanzhou, à la limite du Gansu et du Qinghai), de s’emparer des commandes du pouvoir dans les provinces du Qinghai et de Ningxia, et d’y maintenir jusqu’à l’arrivée des communistes un régime fortement autoritaire. Quant au Xinjiang, gouverné dans le même temps par une succession de seigneurs de guerre chinois (ou, pour l’un d’entre eux, mandchou), il se rend pratiquement indépendant du gouvernement de Nankin, tout en louvoyant habilement entre Russes et Chinois, jusqu’à ce qu’en 1944 une révolte d’inspiration soviétique aboutisse, dans la partie la plus riche de la province, à la proclamation de la république du Turkestan oriental.

Le cas des musulmans chinois ou Hui (les Dungan ou Dounganes de la littérature européenne vivent en Kirghizie et au Kazakhstan), dont le nombre est estimé à 7 000 000 en 1982, a mis plus d’une fois les théoriciens et les gouvernements de la république populaire de Chine dans l’embarras. Non seulement leur conservatisme et leur attachement aux traditions sont difficiles à vaincre, mais surtout on ne sait comment les définir: le critère religieux ne peut valoir en régime communiste et le critère ethnique est difficilement applicable à des individus qui se confondent avec la masse chinoise par leur physique, leur costume (excepté le turban souvent porté hors des mosquées) et leur langue. Mais les Hui tiennent farouchement à leur identité. Avant l’avènement du communisme, ils vivaient en groupes denses auprès de mosquées à l’aspect de pagodes, réunis autour d’un ahong (en persan, akhond ) temporaire; ils se consacraient à l’agriculture ou à des activités commerciales urbaines ou itinérantes (caravaniers, charretiers, mariniers en particulier). Leur isl m se rattachait au sunnisme de rite hanéfite, mais il n’était observé qu’assez lâchement, à part quelques préceptes élémentaires stricts (surtout obligation de la circoncision et abstinence de la viande la plus répandue en Chine: le porc).

Les musulmans du Xinjiang se rattachent, eux, aux ethnies, pour la plupart turques, qui de l’autre côté de la frontière chinoise peuplent l’Asie centrale. Dans la littérature officielle de la république populaire de Chine, ils ne sont désignés par aucun terme collectif, mais sont classés par ethnies: Ouïgour, Kazakh et, moins nombreux, Kirghiz, Tadjik, Ouzbek, Tatar.

Hui et musulmans d’Asie centrale, au nombre total d’environ dix millions d’individus (on ne dispose d’aucun chiffre sûr), ont subi depuis 1949 les aléas de la politique communiste à l’égard des minorités ethniques: de 1949 à 1956, sous l’influence soviétique, promotion des cultures indigènes et, à partir de 1954, octroi de l’autonomie administrative à de nombreux groupes (régions autonomes des Ouïgour du Xinjiang et des Hui de Ningxia, divers zhou et xian autonomes); de 1956 à 1961, condamnation du «nationalisme», lutte contre le conservatisme religieux, culturel et social, déplacement de populations; puis détente de 1961 à 1962 sous la pression des désordres et des exodes en direction de l’U.R.S.S.; en 1964, retour à une tendance dure. Lors de la révolution culturelle, le factionnalisme des musulmans retarde jusqu’en 1968 la mise en place des comités révolutionnaires dans leurs régions. En 1970, une mosquée est rouverte à Pékin en grande pompe. Des deux hommes politiques musulmans du régime, l’un, Burhan, a été éliminé, et l’autre, Saifuddin, a survécu à la crise comme vice-président du comité révolutionnaire. Dans les années 1980, Deng Xiaoping adopte une attitude relativement libérale envers cette importante minorité.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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